mardi 24 août 2010

Retour en Terre Inconnue.

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J’avais déjà visité les Îles anglo-normandes il y a une quinzaine d’années, plus spécifiquement Jersey, Guernesey et Sark, mais je me suis aperçu il y a environ une année que j’en conservais très peu de souvenirs.

Je m’y étais rendu à l’époque avec Sophie, ma compagne du moment et j’y suis retourné cette fois-ci avec Bridget, une amie qui songeait à s’y rendre depuis deux ans.

Mes seuls souvenirs marquants tenaient dans ma visite du Zoo de Gerald Durrell sur Jersey, l’arrivée sur le port de Guernesey, et Sark et son décor idyllique.

Du Zoo, je me souvenais qu’il était structuré comme un jardin anglais vallonné, avec beaucoup de gazon et certains enclos très ouverts. A l’époque, j’avais été très marqué par un contact direct avec un maki, animal que je découvrais pour la première fois en vrai. Celui-ci m’avait pris le doigt à travers une cage, et m’avait regardé de ces grands yeux inexpressifs. Pas une seconde je n’avais eu peur, ni de l’animal, ni de me faire réprimander par le personnel, malgré un panneau demandant aux visiteurs de ne pas chercher à toucher les pensionnaires de peur de leur transmettre des maladies.
J’avais aussi réussi à capter l’attention d’un guépard enfermé dans un vaste enclos aux grilles assez basses, et je m’étais amusé à courir à ses côtés, le long de la grille. J’avais eu l’impression que ce guépard avait bien apprécié cette course.
Et cette année, première surprise, l’enclos des makis ne ressemblent en rien à celui que j’avais connu : impossible actuellement d’avoir le moindre contact. En plus, contrairement à des parcs concurrents, très ouverts, leur cage était constituée ici d’une clôture très élevée aux mailles assez serrées. Pour accentuer la déception, il était même presque impossible de les prendre en photos (comme presque tous les autres pensionnaires du zoo) sans faire apparaître l’aspect carcéral du lieu.
Quant au guépard, il avait tout simplement disparu, de même que tout autre félin!
L’aspect général du centre était complètement différent : plus aucune trace du gazon, et l’architecture de l’endroit paraissait à la fois plus moderne et compact par endroits, mais aussi plus riche en végétation luxuriante et exotique.
Globalement cette visite au zoo a été une déception, mais elle m’a aussi frappée car je n’y ai retrouvé aucun souvenir concordant avec ma première venue.

Même chose avec le port de Guernesey. Ce n’est qu’après avoir longuement muri ce souvenir que je suis arrivé à la conclusion que la grande esplanade de béton dont je garde l’image devait être une arrivée de ferry, que nous n’avons pas utilisé lors du présent voyage.
Mystère sans doute résolu.

Sark enfin était mon souvenir le plus marquant de ces îles avec notamment la « Coupée », cette structure artificielle consolidée par des soldats allemands après la 2ème Guerre Mondiale et qui relie Grande Sark et Petite Sark. Elle  se dresse toujours, majestueuse.

J’étais de plus convaincu que l’île était très densément couverte de petites maisons, et c’est aujourd’hui encore très loin d’être le cas. Nous y avons en fait surtout traversé des zones sauvages ou semi-sauvages: champs et prés dépourvus de toutes constructions.

Je me réjouissais de passer sous le très long tunnel qui permettait d’accéder au « village » depuis le pont d’amarrage du port et… il n’a jamais existé ! La réalité tient dans un tunnel d’une dizaine de mètres à peine, et le reste de la montée se fait le long d’une route à ciel ouvert, tout à fait traditionnelle.

Quant au village, il m’avait frappé à l’époque car il ne comportait aucun magasin d’alimentation traditionnel. Tout juste peut-être un modeste dépanneur et un unique magasin de souvenir et, me semblait-il, un bistrot d’aspect très modeste.
Or, cette fois-ci, quinze ans après tout de même, l’île compte au moins trois épiceries très bien fournies, une poste qui fait en plus office de magasin d’informatique, de papèterie et sauf erreur, de magasin de pêche.
Quant aux hôtels et aux bistrots, ils étaient trop nombreux pour que je les répertorie !

Globalement, c’était comme si je redécouvrais cette île – et les autres- pour la première fois.
Par contre, le présent séjour a été l’occasion de visiter des sites que je ne connaissais assurément pas du tout, comme la charmante île de Herm, la plus modeste des quatre citées ici.
Son seul village, minuscule, tient en un hôtel entouré de quelques maisons et agrémenté de quelques boutiques de souvenirs et d’articles de plages. Une ballade permet de faire le tour de l’île en deux heures environ, avec ses plages et ses criques.
L’île possède ce qui est probablement la plus petite prison au monde, un minuscule bâtiment qui permet d’enfermer un seul prisonnier dans une cellule unique de moins de 2 mètres de diamètre sur 2 mètres de haut.
Sinon, j’ai été frappé sur l'ensemble des îles par la présence importante de plantes exotiques que je ne connaissais pas.
J’ai aussi été surpris de découvrir que Jersey possédait un vignoble qui produit un vin très léger, « Maison La Mare ». De plus, ce producteur confectionne une large sélection de confitures et de gelées aux arômes originaux et délicieux.
Ah, les confitures ! Un de ces jours, il me faudra y consacrer un chapitre séparé !
La plus fameuse des confitures de « La Mare » est la « Jersey Black Butter », à base de pommes bouillies en cuisson lente (jusqu’à 24 heures, ai-je lu !), additionnées de cidre, de « Apple Brandy », de cannelle et de réglisse.
Cette mixture mérite à elle seule le voyage vers ses îles.

Jogging dans les rochers de Sark.

vendredi 20 août 2010

Photomanie 3

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Au-delà des avantages purement techniques du matériel, le support digital a surtout été pour moi l’occasion de développer, et dans certains cas de me découvrir, des véritables manies photographiques.

Dans les tous premiers mois d’utilisation de mon premier appareil digital, j’ai une fois pris un cliché accidentel où apparut plus tard sur mon écran un arbre que je ne reconnaissais pas du tout : sa texture était étrange, et les couleurs étaient légèrement faussées.
Je m’empressai alors d’accentuer cette texture et les tons grâce un logiciel basique pour obtenir un résultat plus franchement décalé.
Je réussis assez vite à comprendre comment j’avais obtenu l’effet initial, et essayai de le reproduire. Un peu plus tard, je compris enfin qu’il me suffisait de bouger l’appareil au moment du déclenchement en réglant volontairement l’appareil pour une luminosité inadéquate. Autrement dit, je réglai l’appareil sur « plein soleil » alors que je prenais mes photos en luminosité réduite ou même de nuit avec des éclairages ambiants artificiels, tout cela sans flash, bien sûr. J’évite de recourir à ce dernier.
Ce petit jeu a monopolisé un grand nombre de mes prises de vue de paysages urbains pendant des mois, jusqu’au jour où j’ai découvert que je pouvais similairement l’appliquer à des portraits…. Ce qui m’a excité quelques mois de plus.

Mon attention s’est ensuite reporté sur la recherche de textures plus ou moins inédites, souvent d’ailleurs (mais pas toujours) en ayant recours à la même technique de l’appareil secoué/bougé.
Sols de pierre, surfaces aquatiques, végétales, boiseries diverses.
Et j’en vins tout naturellement à me focaliser sur les reflets. Et hop !  Des reflets partout !
Dans les vitres, les miroirs mais aussi l’eau, les carrosseries…

A travers ces différentes manies, il m’est apparu à la longue que l’être humain, mes amis, mes parents ou même des inconnus, tenaient une place mineure dans mes préoccupations artistiques, et que, très souvent, mes sujets favoris tendaient vers l’introspection et la fuite. Car, comment définir autrement mon intérêt prononcé pour des détails d’objets, des formes quasi abstraites, et surtout pour des mondes parallèles, reproduits et déformés par des vitres démultipliées, des  morceaux de métal tordu ou des surfaces liquides plus ou moins troublées ?

J’interprète de plus ces voyages dans la matière comme des équivalents à des voyages psychédéliques.
La première partie du « voyage » se produit lorsque je prends la photo.
J’identifie le sujet à photographier, par exemple une voiture dont le phare arrière reflète une maison. J’isole le sujet  et prends la photo. De retour chez moi, je pénètre un peu plus  dans l’image en resserrant encore le cadre pour ne garder que le reflet dans le phare.
N’apparaissent plus alors que la maison légèrement déformée et des éléments de verre exprimant des textures et des formes diverses.

Depuis des années, je caresse le projet d’engager des modèles et de les photographier en studio ou dans des décors intimes, en portraits ou en nus.
 En 2004, j’ai découvert un site internet de photographies de jeunes femmes presque toujours nues, la plupart du temps dans des décors naturels : jardins, plages, montagnes, cours d’eau.
Ce site a bien sûr une vocation érotique, mais les photographes y développent un talent que je trouve au moins aussi  excitant que la beauté dévoilée des modèles, et ces jeunes femmes dégagent des charmes naturels qui me touchent beaucoup.
On entre bien sûr là dans le domaine du fantasme pur, mais j’aimerais beaucoup entamer des projets dans ces directions.
Un de ces jours peut-être.

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mardi 10 août 2010

Photomanie 2

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« Clic clac ! »

C’est le bruit que faisaient traditionnellement les anciens appareils photo analogiques.
Que font à présent les appareils digitaux ?
Vérification faite,  le mien fait plutôt « snikt ! ».

Et donc je fais  « snikt, snikt, snikt ! » souvent des dizaines de fois par jour, parfois des centaines.
Car la première merveille de l’Ere Digitale, c’est de ne pas être limité dans le nombre de photos prises, ou alors uniquement par la durée de vie de la batterie ou la capacité de la carte mémoire chargée. Et dans mon cas, c’est environ 150 photos par charge de batterie, ce qui est  tout-à-fait suffisant pour une session photographique même intense.

Cette liberté d’action me permet à l’occasion de « mitrailler » un sujet unique difficile, et ensuite de faire le tri entre les images complètement ratées et celles qui ont du potentiel.
Autrefois, j’aurais été fatalement limité par les pellicules à 36 «pauses » (c’est par ce terme que l’on départageait communément les différents films). Imaginez que j’aie photographié un sujet une trentaine de fois. Que faire de la fin du film ? Le terminer ou changer préventivement de pellicule au risque de manquer l’occasion idéale ?

Un autre  avantage majeur du numérique sur l’argentique réside dans le traitement de l’image après sa capture.
J’ai déjà décris ma frustration de ne pas avoir su développer et tirer mes photos argentiques moi-même.
A présent, non seulement j’obtiens des résultats souvent proches de l’effet rêvé, mais en plus j’ai le plaisir de manipuler moi-même les outils pour arriver au résultat final, de décider au millimètre près du cadrage, de travailler le contraste ou la tonalité de l’image avec des variations multiples.


Août 2010. Jersey. Un exemple de sélection après "mitraillage".