mercredi 20 octobre 2010

Comment c'était avant ?

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« Comment faisait-on avant Internet ? »

Cette question, qui revient souvent dans les discussions entre proches, évoque une deuxième préoccupation, tout aussi essentielle : « Que ne fait-on plus depuis qu’on a internet ? »

Il y a presque trente ans, cette même question m’a été soumise par une amie par rapport à la télévision, dont j’étais alors très friand et qu’elle avait bannie de son existence.

J’avais argué que la télévision permettait de rester connecté au monde et donnait accès à quantité de films et de spectacles et était un moyen tout-à-fait pertinent de se cultiver.
Cette amie m’avait répliqué que chaque minute passée devant la télévision était une minute de vie perdue dans le Réel, le Monde qui nous entoure directement.
Ça m’avait tellement marqué que j’avais très rapidement déconnecté l’antenne de mon poste. J’ai tenu bon pendant presque 10 ans sans télévision. Je suis ainsi passé au travers de la Chute du Mur de Berlin et la 1ère Guerre du Golf et maints autres évènements plus ou moins importants sans accès direct à la télévision.
Je compensais d’ailleurs un peu bêtement ce manque quotidien en me gavant de télévision presque tous les dimanches soirs chez ma mère.
Pour le reste, je dois avouer que je meublais mon temps libre par des séances de cinéma quasi quotidiennes, parfois doublées par des séances vidéo à la maison !
Mais sans doute ai-je aussi un peu plus profité de la vie en général.

Depuis sont arrivés les ordinateurs (à la maison et au travail), et… internet.
Déjà sur l’ordinateur seul j’ai eu de longues périodes où je me perdais dans des jeux, puis j’ai tenté de décrocher en utilisant l’ordinateur pour de la création, graphique dans un premier temps et photographique plus récemment.
Puis j’ai eu une connexion internet au travail d’abord, ce qui a eu pour conséquence que je passais presque toute mes journées devant l’écran et que je poursuivais ses séances après le travail, parfois jusqu’à trois ou quatre heures du matin !
Je surfais bien sûr, mais j’y ai aussi cherché une compagne sur des sites de rencontre (avec succès… à l’époque) et j’ai découvert le « tchat ».

Depuis, j’ai complètement décroché du « tchat », conversations écrites quasi en temps réel, pour glisser vers les forums, conversations écrites, mais en temps différé.
Au final, le résultat est presque toujours le même : j’en sors épuisé, sans en avoir tiré une satisfaction réelle ou durable de l’exercice.
L’ordinateur et internet deviennent alors des gigantesques vortex d’énergie physique et intellectuelle.

Le seul remède réellement efficace à cette addiction pour moi est de me rendre ponctuellement dans un endroit où il n’y a pas internet. Ou en tout cas pas internet à domicile.
C’est alors l’occasion de redécouvrir le plaisir de longues balades, d’ingurgiter des livres à un rythme que je ne connais plus depuis plus d’une décennie.
Par contre, mon très ancien projet de trouver une compagne « pour la vie » et de fonder une famille reste désespérément en panne, de même que celui de développer une création artistique ou littéraire conséquente.

J’aimerais aussi laisser une marque sur le Monde, par exemple en appréhendant un de ses fléaux majeurs et en y apportant une solution pratique.
Le problème par rapport à ce projet-là est que, pendant presque trente ans, j’ai développé une carrière liée au commerce de détail, et donc, lorsque je parle à certaines personnes de mes idées grandioses, la réaction est invariablement : « Mais t’es qui, toi ? »

On peut alors concevoir qu’internet, la télévision, le cinéma et même la lecture sont des moyens de ne pas faire face à ces frustrations majeures, de rester « jusqu’au bout » dans l’évasion.
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