vendredi 20 août 2010

Photomanie 3

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Au-delà des avantages purement techniques du matériel, le support digital a surtout été pour moi l’occasion de développer, et dans certains cas de me découvrir, des véritables manies photographiques.

Dans les tous premiers mois d’utilisation de mon premier appareil digital, j’ai une fois pris un cliché accidentel où apparut plus tard sur mon écran un arbre que je ne reconnaissais pas du tout : sa texture était étrange, et les couleurs étaient légèrement faussées.
Je m’empressai alors d’accentuer cette texture et les tons grâce un logiciel basique pour obtenir un résultat plus franchement décalé.
Je réussis assez vite à comprendre comment j’avais obtenu l’effet initial, et essayai de le reproduire. Un peu plus tard, je compris enfin qu’il me suffisait de bouger l’appareil au moment du déclenchement en réglant volontairement l’appareil pour une luminosité inadéquate. Autrement dit, je réglai l’appareil sur « plein soleil » alors que je prenais mes photos en luminosité réduite ou même de nuit avec des éclairages ambiants artificiels, tout cela sans flash, bien sûr. J’évite de recourir à ce dernier.
Ce petit jeu a monopolisé un grand nombre de mes prises de vue de paysages urbains pendant des mois, jusqu’au jour où j’ai découvert que je pouvais similairement l’appliquer à des portraits…. Ce qui m’a excité quelques mois de plus.

Mon attention s’est ensuite reporté sur la recherche de textures plus ou moins inédites, souvent d’ailleurs (mais pas toujours) en ayant recours à la même technique de l’appareil secoué/bougé.
Sols de pierre, surfaces aquatiques, végétales, boiseries diverses.
Et j’en vins tout naturellement à me focaliser sur les reflets. Et hop !  Des reflets partout !
Dans les vitres, les miroirs mais aussi l’eau, les carrosseries…

A travers ces différentes manies, il m’est apparu à la longue que l’être humain, mes amis, mes parents ou même des inconnus, tenaient une place mineure dans mes préoccupations artistiques, et que, très souvent, mes sujets favoris tendaient vers l’introspection et la fuite. Car, comment définir autrement mon intérêt prononcé pour des détails d’objets, des formes quasi abstraites, et surtout pour des mondes parallèles, reproduits et déformés par des vitres démultipliées, des  morceaux de métal tordu ou des surfaces liquides plus ou moins troublées ?

J’interprète de plus ces voyages dans la matière comme des équivalents à des voyages psychédéliques.
La première partie du « voyage » se produit lorsque je prends la photo.
J’identifie le sujet à photographier, par exemple une voiture dont le phare arrière reflète une maison. J’isole le sujet  et prends la photo. De retour chez moi, je pénètre un peu plus  dans l’image en resserrant encore le cadre pour ne garder que le reflet dans le phare.
N’apparaissent plus alors que la maison légèrement déformée et des éléments de verre exprimant des textures et des formes diverses.

Depuis des années, je caresse le projet d’engager des modèles et de les photographier en studio ou dans des décors intimes, en portraits ou en nus.
 En 2004, j’ai découvert un site internet de photographies de jeunes femmes presque toujours nues, la plupart du temps dans des décors naturels : jardins, plages, montagnes, cours d’eau.
Ce site a bien sûr une vocation érotique, mais les photographes y développent un talent que je trouve au moins aussi  excitant que la beauté dévoilée des modèles, et ces jeunes femmes dégagent des charmes naturels qui me touchent beaucoup.
On entre bien sûr là dans le domaine du fantasme pur, mais j’aimerais beaucoup entamer des projets dans ces directions.
Un de ces jours peut-être.

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