jeudi 13 mai 2010

Objets Perdus 3: Les Clefs du Paradis.

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Cet après-midi, jour férié de l’Ascension, je suis allé faire du rangement au magasin.
Au bout de deux heures à classer des CDs, j’ai la tête qui cogne et des vertiges.
Il est temps de faire une pause.

Le Paradis, une terrasse-buvette au bord du Rhône, est hors de question, car la météo n’est pas fameuse, mais rien ne m’empêche de faire comme si : une ballade de pure relaxation le long du quai.
Hop, ma veste, une plaque de chocolat noir (à la pistache, merci Bridget !), une bouteille de thé froid à la menthe, un carnet et un crayon pour des notes éventuelles, et je suis prêt.
Il ne manque plus que … mes clefs.

Je plonge machinalement la main dans la poche droite où je les mets toujours, mais ma main ne rencontre que le vide.
J’en suis d’autant plus sûr que depuis une année, mes clefs sont retenues par un gros mousqueton qui les rend très identifiables au toucher.
Et là, pas de doute, la poche droite est vide.
J’essaye la gauche, sans plus de succès.
Dans ma veste ? Non.
Aurais-je laissé les clefs sur la porte ? Oui, c’est sûrement ça. Mais non, elles n’y sont pas.
Dans mon sac, alors ? Il m’arrive, en été, lorsque je porte des bermudas, de les laisser dans la poche de devant.
Je le fouille de fond en comble, mais rien.

Je passe plusieurs fois nerveusement les mains sur mon pantalon pour confirmer que mes poches, parfaitement plates, sont effectivement vides de clefs.
Je ne vais quand même pas rester enfermé le reste de la journée et de la nuit dans mon propre magasin ! Ni même appeler un serrurier pour me libérer.
Il me reste heureusement une solution de dernier recours : une porte-fenêtre dans le bureau mène dans la cour intérieure de l’immeuble. Je peux toujours sortir par là, mais alors comment ensuite rentrer chez moi ?
Il me revient que j’ai laissé des doubles au fonds d’un tiroir il y a plus d'un an, pour une éventualité comme celle-ci.
Je vérifie, et n’y trouve curieusement que celles de chez moi. Mais bien sûr ! J’avais déjà utilisé le double du magasin il y a quelques mois, lorsque j'avais égaré  mon trousseau sur une étagère ! Je n’avais ensuite pas dû remettre toutes les clefs en place.

Bon, mais ça ne me dit toujours pas où est passé le set de clefs initial.
Une fois de plus, je plonge la main droite dans la poche, qui est toujours désespérément vide. Sauf que cette fois, tout au fonds, mes doigts rentrent en contact avec une surface métallique. Mais c’est beaucoup trop petit pour être une de mes clefs, et encore moins le mousqueton.
Mes doigts continuent néanmoins d’explorer ce curieux objet et, petit-à-petit, celui-ci acquiert du volume, et une forme. De mousqueton. Et au bout du mousqueton, une première clef, plus une deuxième. Puis cinq en tout, dont celle du magasin, qui fait bien 10 centimètres de long et se termine par des dents aiguisées en étoile.
Mon sentiment de panique s’estompe.

J’ai toutefois plus que jamais besoin de ma pause. Et, qui sait ? Peut-être que dans le cours de ma promenade, je trouverai le Paradis ?
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2 commentaires:

  1. C'est toujours la même histoire... Les objets perdus que tu cherches sont toujours là où ils devraient être. Ils échappent simplement à ta perception.

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  2. Oui, mais la légère variante, c'est ce moment vraiment étrange où j'ai le premier contact physique et je me souviens porécisément m'être dit: "tiens, j'ai une vis dans la poche. Tiens, c'est courbe comme le mousqueton, mais plus petit. Tiens, non, c'est plus gros, etc..."
    Mais sinon, oui: totale rebelote.

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