samedi 1 mai 2010

Le Jardin

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J’ai négligé mon blog depuis une dizaine de jours : les 2 derniers billets ont été rédigés avant leur date de parution.
J’ai aussi un peu délaissé mon magasin.
Ou plutôt, je ne l’ai pas délaissé : j’ai simplement consacré une énergie important à un autre domaine : mon combat contre les « bonneteaux ».

J’ai par exemple préparé un prospectus à distribuer aux commerçants directement affectés par les bonneteaux, les encourageant à les boycotter.

J’ai créé un avatar de super-héros (!) sur Facebook sur la page duquel j’explique en détail mes ambitions et la source de mon courroux de justicier. J’ai aussi créé un groupe de discussion intitulé : « Devenez un kick ass! Dites non à la criminalité urbaine! ».

J’ai enfin rencontré un ami agent de police pour lui soumettre de possibles stratégies contre ces  bonneteaux.
Cette discussion a achevé de me décourager et de me déprimer. Selon cet officier, pas grand-chose ne peut être entrepris contre ces escrocs de rues.
Le problème ne vient pas tant d’après lui dans la manière de les appréhender, mais plutôt quoi en faire une fois qu’on les a attrapés.

« Tu comprends, me dit-il, les tribunaux ont déjà beaucoup de retard dans le traitement des affaires criminelles, et puis… les prisons sont pleines.

Devant ma proposition de créer de nouveaux centres de détention, plus rudimentaires que nos prisons actuelles, il m’a répondu :

« A Zurich, ils ont créé des centres provisoires pour les délinquants et les hooligans, par exemple. Mais à Genève, ce genre de choses ne passera jamais. Et puis, tout ça coûte de l’argent. Qui va payer ? Les citoyens genevois ? Mais ils n’accepteront jamais ! Tu veux que je te dise ? Les genevois ont la justice qu’ils méritent. »

Je précise ici que mon avatar de justicier sur Facebook a rencontré un certains succès, mais plus pour son caractère ludique que pour ses ambitions affichées.
Quant au groupe de discussion, très peu de gens s’y sont inscrits, et personne ne semble vouloir y contribuer.

J’ai abordé le sujet avec des amis et la famille, et invariablement, les réactions sont concordantes : « A quoi bon ? Les bonneteaux, c’est un jeu, non ? Arrêtes-ça, c’est dangereux. Laisses faire la police. Autant s’occuper des gros criminels avant de s’attaquer aux petits… »

Autrement dit, je n’ai reçu aucun soutien, même symbolique, aucun encouragement, ni même de réel élan sympathique.
Du coup, je me lasse, je me décourage.

En dernier recours, j’en ai parlé à mon médecin, qui m’a répondu : « Et votre magasin, et votre santé, et votre vie amoureuse ? Vous vous dispersez. »
Je dois reconnaître qu’elle a raison. Je me disperse, et je dépense une énergie dans un domaine où on ne m’attend pas, et dans lequel je n’ai aucune efficacité.

A ce compte-là, autant suivre le conseil de Voltaire, et s’occuper d’abord de ses petites affaires, cultiver son jardin.
Le problème c’est que par « Il faut cultiver son jardin», Voltaire voulait dire qu'il faut s'appliquer à faire évoluer la société et à la rendre meilleure plutôt que s’occuper de considérations abstraites.

Je vais donc dorénavant pervertir son dogme en m’occupant de mes affaires et laisser la mauvaise herbe gagner sur le Jardin.

6 commentaires:

  1. Tout à l'heure, j'ai vu des "bonneteaux" et les ai signalés à deux agents municipaux. Apparamment, qqn venait de leur signaler la même chose. Ils y sont allés, en me disant: "on les connaît, des qu'ils nous voient, ils se dispersent". Je les ai suivis, ils ont pu avancer, cachés par un tram qui passait. En effet, les bonneteaux se sont dispersés très rapidement. Les agents en ont chopé un, ont parlementé très longtemps, ça se passait de façon très cordiale. Des retrouvailles de vieilles connaissances... Je suis entrée chez Payot, où deux vendeuses avaient suivi tout l'épisode, comme moi. Elles les voient tous les jours. Je n'ai pas vu comment ça s'est terminé, sans doute que le joueur de b. est tout simplement reparti.

    La seule chose à faire est d'informer les gens. Qu'ils ne jouent pas. Sans clients, sans pigeons, ces escrocs partiront d'eux-mêmes.
    Jouer les Don Quichotte ne sert en effet pas à grand chose. Tu t'épuiseras et tu te disperseras. Et tu prends des risques inutiles.

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  2. "Les agents en ont chopé un, ont parlementé très longtemps, ça se passait de façon très cordiale.": ça, par exemple, c'est choquant. En quoi l'arrestation d'un délinquant devrait-elle être "cordiale": "Vous volez souvent par ici? Et ça marche bien? Bon, allez, on va pas vous embêter plus longtemps. A demain!"

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  3. Disons qu'il n'y avait pas de justification à ce qu'ils lui fracassassent le crâne avec des matraques qu'ils n'ont de toutes façons pas.

    J'imagine que le gugusse devait leur servir la salade préparée, Nix verstehen, j'ai rien fait m'sieu l'agent. Le problème avec ces bonneteaux, c'est qu'il est impossible des les prendre en flagrant délit. Mais je pense que la police les harcèle. Ils finiront bien par trouver une solution, quitte à modifier la loi sur les jeux de hasard...

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  4. "c'est qu'il est impossible des les prendre en flagrant délit. " Dès le moment où ils sortrent leur petites boîte, et qu'ils font semblant de jouer entre eux, il y a flagrant délit. Ensuite, si les flics sélectionnaient un des leurs pour faire le joueur, il y aurait flagrant délit maximum.
    Et leur faire causette 5 minutes, c'est pas les harceler. Perso, je les emmènerais au Poste, les mettrais dans une cellule quelques heures la 1ère fois, 2-3 jours la 2ème, une semaine ensuite, etc...
    Ca, Ca les découragerait peut-être.

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  5. Tu as aussi le choix de te la jouer "Harry Callahan"! ;-)

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  6. Yes! Bon, la crise est passée.
    En fait, depuis la semaine dernière, mes horaires ont complètement changé, et du coup, je n'ai plus du tout revu les bonneteaux (actif l'après-midi). Sont-ils encore en ville? Je ne sais même pas. J'irai jeter un coup d'œil demain, peut-être.

    Mais je me suis vraiment mis à me concentrer sur "mon jardin", mon magasin, en l'occurrence.

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