mercredi 10 mars 2010

Voler.

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J’ai toujours été attiré par le ciel.

Les oiseaux, les avions, les ballons à air chaud et les dirigeables, mais aussi  les nuages, le vent, les étoiles.

Dans les années 80, cet intérêt s’est focalisé sur le deltaplane, et l’un des endroits privilégiés de cette pratique sportive dans la région genevoise est le Salève, une petite montagne qui s’élève juste au-delà de la frontière suisse.

Avec Tania, une amie que je fréquentais beaucoup dans cette période, nous avions pris l’habitude d’aller les voir atterrir à la campagne, côté suisse donc. A force de fréquenter ce lieu, l’idée que je puisse moi-même m’essayer au vol en deltaplane parut moins extravagante, et avant d’envisager de prendre des cours, je m’inscrivis pour un baptême de l’air en tandem.

Je me souviendrai toujours de la montée en camionnette jusqu’à l’aire de départ. Celle-ci est tombée en panne à mi-parcours, et tout d’un coup, l’excitation que j’avais ressentie jusque là s’est transformée en appréhension.
La camionnette a pu redémarrer après quelques minutes, mais ma nervosité est restée.
Il y a ensuite eu le montage des ailes, je me suis harnaché, puis fixé à l’aile, j’ai vu partir une aile devant moi, puis le moniteur me dit à mon côté :

« Alors, vous êtes prêt ? Ca va être à nous. »

Non, je n’étais pas prêt, je ne voulais plus y aller, pas aujourd’hui.
L’aire d’envol faisait 3 ou 4 mètres, puis se terminait par un tremplin en bois et ensuite c’était le vide intégrale : nous étions au bord d’une falaise qui tombait à pic.
Le moniteur à soulevé l’aile et a simplement déclaré :

« Allez, on y va »

J’ai esquissé un mouvement pour lui signifier que j’avais changé d’idée, mais déjà il courait, et moi avec, pas le choix, non attendez, je…

Ne sens plus la Terre sous mes pieds, les sangles du harnais me tirent vers le haut, je suis comme dans un télésiège soutenu par un câble, seulement… il n’y a pas de câble.
La peur a complètement disparu. Je vole. Je flotte. Je glisse dans un vide merveilleux. Nous sommes au milieu de nulle part. Il n’y plus ni montagne, ni plaine, ni rien. Juste le vide absolu, l’insouciance totale.

« Ca va ? »

Le moniteur me rappelle à la Réalité et, ce faisant, gâche un peu ce rêve incroyable.

« Vous voulez prendre les commandes ? Tenez, je vous montre. Pour descendre, vous tirez le trapèze vers vous (et on chute d’une dizaine de mètres) et pour remonter, vous poussez. »

Et on remonte.
Il me montre encore quelques manœuvres, et me laisse ensuite les reproduire : c’est enfantin et jouissif.
Mais très rapidement, nous nous retrouvons en approche de la terre ferme, il m’explique qu’il va falloir commencer à courir quelques secondes avant de toucher terre, j’ai de nouveau une petite appréhension, peur de me faire mal, de tomber, mais pas le temps de réfléchir. Encore quelques mètres, je cours sur l’herbe sur 3-4 mètres, nous nous arrêtons : c’est fini.

Je suis à peine essoufflé, pas du tout fatigué et surtout complètement excité par cette expérience de quelques minutes.
J’ai volé.
Et je revolerai, c’est sûr.


Environs de Genève... vus d'un avion. Juillet 2009.

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