mercredi 31 mars 2010

HALLUCINATIONS AUDITIVES 2

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Dans son livre MUSICOPHILIA, Oliver Sacks décrit les causes multiples de l’apparition d’hallucinations musicales.

La plus importante semble être liée au vieillissement des sujets atteints, et plus précisément à une réduction importante de l’audition associée à un besoin du cerveau de compenser cette perte par une activité sonore interne. Nombre de ces sujets ont eu auparavant une activité musicale (des compositeurs, des concertistes…) ou ont simplement été de grands amateurs de musique.

Sacks souligne en outre que chez certains patients, les musiques entendues lors de ses hallucinations sont des grandes œuvres souvent écoutées par eux dans leur jeunesse; dans d'autre cas par contre, ce sont des fanfares, des chants populaires, ou même des contines.

L'auteur soupçonne que cette pathologie est en plein essor du fait de l’omniprésence dans notre société de sollicitations musicales, de l’accès toujours facilité à la musique, et enfin du développement des « baladeurs ».

Or, non seulement je sais que mon cerveau se détériore de manière significative mais j’ai la nette impression que c'est le cas aussi de mon audition (voir l’anecdote du 30.03). Du fait de mon goût immodéré pour la musique et de mon usage assez fréquent de « baladeurs » depuis plus de 30 ans, je serais donc un candidat idéal à l’hallucination musicale.
En plus, j'ai déjà été sujet à un équivalent proche de l’hallucination musicale. En effet, depuis plusieurs années, lorsque je suis cloué au lit avec de la fièvre, mon esprit invoque systématiquement un motif musical et le répète inlassablement dans ma tête, jusqu’à ne plus arriver à s’en débarrasser.
Cependant, il ne s’agit pas d’hallucinations, car je n’ai aucun doute que ces fragments de musique sont le produit de mon esprit. A aucun moment, je n'ai la sensation qu'il sont émis par une source extérieure.

Par contre je pense que mon cerveau, face à un inconfort et une détresse importante, a recours à un souvenir musical agréable ou familier et m’en inonde l’esprit de manière chaotique, dans l’espoir de m’apporter du réconfort. Une explication similaire est formulée par Sacks comme un déclencheur possible des crises d'hallucinations.
J’ai d’ailleurs tenté, lors des derniers accès de fièvres et de nausées, de substituer à ce souvenir musical obsédant celui visuel d’un lieu paisible, et ça a marché.
Mais voilà : peut-être un jour cela se manifestera-t-il avec plus de force et je ne saurai pas m’en débarrasser aussi facilement.

J’espère au moins que la musique qui me monopolisera alors sera au moins PSYCHO de Bernard Herrmann. Ou SEA HAWK de Erich Korngold. Ou encore FURY de John Williams.

Et non "La Danse des Canards".

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Genève. Décembre 2007.

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