vendredi 2 avril 2010

L'Hydrocéphale et le Sexe

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Dans le film A SINGLE MAN de Tom Ford que j’ai vu hier, le personnage homosexuel joué par Colin Firth aborde un beau mâle espagnol à la sortie d’une épicerie. Il lui offre une cigarette, les deux hommes engagent la conversation, et assez rapidement, l’un et l’autre prennent conscience de leur attirance sans équivoque.
Je me suis alors demandé si ce chaud latin préférait le Colin aux beurs noirs.

« C’est un peu trop facile » me suis-je dit.

Encore tout imprégné de l'atmosphère sensuelle du film , je suis tombé en arrêt ce soir devant la beauté d’une jeune femme qui attendait son bus. Imaginez Penelope Cruz il y a quelques années. Ou Paz Vega, que je préfère. J'ai écrit Penelope Cruz pour vous aider à mieux comprendre.

Je me suis donc arrêté, et me suis retourné. Elle était effectivement très belle. Et seule. Et elle se languissait d'un gus qui n'arrivait pas.
Et ne fumait pas.
Je n’y songe vraiment que maintenant, mais si elle avait eu une cigarette incandescente à la main, j’aurais soupiré et continué mon chemin. Une femme qui fume ne peut être désirable à mes yeux.
Elle ne fumait pas, était seule et n'attendait probablement que moi, et j’ai... continué mon chemin malgré tout.
Mais comment faire autrement ?

J’ai d’abord imaginé faire comme elle: celui qui attend un transport hypothétique; mais j’aurais dû rebrousser chemin, me présenter à sa hauteur et … lui offrir une cigarette ? Impossible, bien sûr.
Mais peut-être aurais-je pu engager la conversation.

« Vous attendez le bus ? C’est curieux, j’ai soudain eu envie d'en prendre un au hasard. Ça vous dérange si je choisis le même que vous ? »

Quand on veut faire connaissance avec une femme, lui soumettre une proposition où la réponse négative prend un sens positif est une excellente manière de démarrer.
Avec un homme, un tel stratagème est superflu : reportez-vous à A SINGLE MAN.

Il y a quelques mois, une vendeuse d'un magasin de chaussures voisin est venue m’acheter un livre.
J’ai été tétanisé par sa présence. Sûrement une histoire de phéromones, car elle ne m’avait pas fait jusque là autant d'effet.
Elle ressemblait un peu à Scarlett Johansson. Encore plus a Julia Stiles en fait, mais j’ai mis Scarlett Johansson pour la même raison que j’ai écrit Penelope Cruz plus haut.

Peu après, j’ai décidé de donner suite à ce soudain émoi.
Mais comment faire ? Je ne pouvais pas rentrer dans son magasin et lui faire une déclaration d’amour. Et je ne fumais pas non plus à cette époque, c’est désespérant.
J’ai opté de faire semblant d'y chercher un cadeau.

Ça allait se passer comme suit :

Moi : « Bonjour ! »

Elle : « Tiens, c’est vous? »

« C’est toujours aussi calme chez vous ? »

« Non, mais souvent en semaine. Et chez vous ? »

« Non, chez nous, il y a plein de monde ! »

« Mais alors comment faites-vous pour être ici ? »

« J'ai des employés. »

« Vous en avez de la chance. Vous feriez un mari idéal. »

Et tout ça sans avoir recours une seule fois au stratagème de la fausse question négative !

J’avais donc tout bien répété. Il n’y avait plus qu’à y aller.
A ma première tentative, elle était absente. Il y a plusieurs vendeurs, et elle n’ était donc pas là tous les jours.
La fois suivante, mes jambes ont catégoriquement refusé de me laisser entrer.
En plus, il y avait du monde, donc « C’est toujours aussi calme chez vous ? » ne pouvait plus servir.

Un jour suivant, le même phénomène de « lâcher de jambes » s’est produit, malgré le fait que j’avais à présent prévu une alternative idéale à la suite de « Tiens, c’est vous? »
Le surlendemain, j’ai trouvé la solution : je n’avais qu’à approcher du magasin en regardant mes pieds. Une fois à l’intérieur, je ne pourrais plus reculer. C’était mon plan, en tout cas.
Malheureusement, au dernier moment, j’ai levé les yeux par réflexe et poursuivi ma course le long de la vitrine.
J’étais absolument furieux de mon échec, et me suis alors juré que la fois suivante serait la bonne. J’ai donc recommencé, et cette fois-ci : victoire !
Seulement, elle n’était pas là.
Pas de panique, elle s’était peut-être juste absentée. J’ai donc entamé ma visite innocente des lieux. Deux vendeurs discutaient à la caisse. Je m’apprêtais à tout moment à leur expliquer que je cherchais un cadeau, mais ils ne m’ont rien demandé.
J’ai donc fait mon petit tour, en me sentant de plus en plus mal à l’aise à faire semblant d’examiner des chaussures pour lesquels je n’avais aucun désir, et sentant qu’elle ne viendrait pas.

Je suis finalement ressorti en me consolant que l’échec était relatif : je n’avais qu’à réessayer encore.

Mais voilà, le lendemain, c’était trop tôt. Le surlendemain aussi, et elle a ensuite été absente plusieurs jours de suite.
Les jours se sont transformés en semaines et les semaines en mois. Elle n'est pas revenue.

Je pourrais continuer à espérer qu’elle est en congé sabbatique, mais je dois me résoudre à l’évidence : j’ai laissé passer ma chance.

En plus de trente ans de quêtes féminines, j’ai accumulé une somme d’expériences importantes sur le sujet. Et pourtant mon tableau de chasse est plutôt misérable.

Comment font les autres hommes ? Comme Colin Firth dans A SINGLE MAN ?

Biarritz. Août 2008. Omahyra Mota sur le tournage de "Les Derniers Jours du Monde" des frères Larrieu. Elle m'a fait une impression durable. Et elle n'a pas besoin de "ressembler à". Elle est en fait un top modèle très convoité. Et elle est devenue mon amie sur Facebook. Success! :D

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3 commentaires:

  1. Excellent!
    C'est drôle et triste à la fois!

    Chez les gays, c'est beaucoup plus simple: c'est directement sexuel, ils n'ont pas besoin de tourner autour du pot. Le sentimental vient éventuellement après. Alors qu'une femme veut qu'on aime autre chose que rien que son cul; il faut donc faire semblant de s'intéresser à son esprit.

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  2. "C'est drôle et triste à la fois!" Cool, je suis très très content de cette réaction!

    J'ai l'intention de retravailler encore ce texte, car pour moi, c'est vraiment la base de quelque chose d'important, où de multiples réflexions et souvenirs vont suivre et (j'espère) nourrir le propos.

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  3. Pour dire, J'hésite depuis presqu'une semaine entre "le Colin aux burnes noires" et "le Colin aux beurs noirs".
    Les deux me font rire autant. Le 1er correspond plus à une réalité possible du film (il n'y a sûrement pas de "beurs noirs" aux USA) et est, je trouve un calembour assez riche. Le 2ème passe visuellement beaucoup mieux, et est plus directement accessible.
    Dillemne...

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