vendredi 16 avril 2010

Femmes de Fantasmes 2: Le Quatrième Mur.


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Hier soir, à l'initiative d’une amie, Bridget, nous sommes allés à un récital d'airs d'Opéra. Les airs étaient  chantés par un couple  accompagné, et le principal attrait de ce récital était pour moi la présence de Korngold au programme, avec l'"Air de Fritz" de DIE TOTE STADT.
Parmi les autres "hits" se trouvait  l' "Air des Bijoux" du FAUST de Gounod, autrement connu dans certains milieux comme... l'air de la Castafiore: "Ah je ris de me voir si belle en ce miroir!" C'était super rigolo de l'entendre enfin avec la musique, et interprété de manière tout-à-fait sérieuse. Sinon, une œuvre   "totalement inconnue" de nous, GIANNI SCHICCHI de Puccini, mais dont nous avons pourtant  instantanément reconnu la mélodie. Mais d'où? Une pub? Un film? Mystère.

Le reste du programme m’a moins intéressé.  A tel point  que j’ai commencé à me gratter nerveusement le poignet, et qu'à mi-parcours, je ne pouvais plus m'arrêter.
La soirée allait pourtant me réserver un moment de pure jouissance, qui est intervenu lorsque la très belle chanteuse a brisé le "quatrième mur" de la scène. 
Elle s’est dirigée dans un premier temps vers le public, a escaladé les gradins jusqu'à hauteur de ma rangée, puis s'est dirigée droit vers moi,  s'est assise à côté de moi, s'est serrée contre moi. Je venais à peine d’arrêter de me gratter lorsque, chantant toujours pour le reste de la salle, elle m’a agrippé le poignet douloureux, faisant instantanément disparaître la douleur.
Elle a commencé à défier son "amant" sur la scène, qui à son tour hurlait des insanités dans ma direction dans une langue extra-terrestre.
J'ai plusieurs fois essayé de dévisager la déesse, mais c'était impossible : à chaque fois,  elle me transperçait déjà de son regard avec un sourire aussi large que bienveillant. Son joli visage occupait alors l’intégralité de mon champs de vision. J'étais cramoisi d'embarras.

Elle s'est finalement penchée vers moi. Comment faisait-elle? Elle était déjà si proche! J'ai cru qu'elle allait me chuchoter quelque chose, mais au lieu de cela, elle m'a embrassé au creux de l’oreille, et tout aussi vite  qu'elle est venue elle est repartie vers la scène et... le quatrième mur s'est refermé.

Sauf que pour moi, il est resté entr'ouvert jusqu'à la fin du récital.
J'avais sans cesse l'espoir que cette vision de Paradis le refranchirait pour moi, rien que pour moi.

Plus tard, au bistrot, Bridget a interrompu notre conversation pour me désigner un groupe qui discutait à une table adjacente:
"Tiens, regardes,  c’est la chanteuse de tout  à l'heure."
J'ai regardé, mais je ne la reconnaissais pas du tout.
"Mais si, insista Bridget, je t'assure."

Non, ce n'était pas elle. Cette femme-là était une vraie femme, habillée et maquillée comme une vraie femme, qui tenait des propos ordinaires à des amis ordinaires, une femme dépouillée de toute aura magique.
Une femme comme on en croise tous les jours.

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La déesse des planches.

2 commentaires:

  1. La soprano ne se doute certainement pas à quel point elle t'a marqué au fer rouge. Une soirée inoubliable et qui t'a fait apprécier l'art lyrique, si j'ai bien compris...?

    Le voici, l'air de Gianni Schicchi:
    http://www.youtube.com/watch?v=IaLI6R5DPo8
    archi-archi connu!
    (elle a une note tenue, - pianississimo, léger crescendo, léger decrescendo - assez incroyable vers 2:00)

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  2. Superbe, mais... elle chante avec un micro (donc voix amplifiée?).
    Et, oui, la soprano m'a marquée... de ses lèvres. ;)

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