vendredi 16 avril 2010

Bonneteau, bonnes poires…

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Depuis quelques semaines, Genève est envahie par des joueurs de Bonneteau.
Enfin, « joueurs »…
Plutôt des bandes parfaitement organisées qui, par petits groupes, prétendent jouer à ce jeu de rue où le seul but est finalement de voler son argent à celui qui voudra y participer.

En effet, il faut savoir que l’équipe qui joue au bonneteau se compose du meneur, qui manipule les cartes ou les boîtes avec un petit pois, les complices de première ligne dont le rôle est de créer un cadre convivial puis d’encourager le seul véritable joueur, et des complices de deuxième ligne qui se tiennent en retrait et guettent l'arrivée possibles de la police ou se tiennent prêt à prêter main forte au cas où ou le perdant serait… mauvais joueur.
Car le jeu fonctionne sur plusieurs principes simples : le plus basique consiste à faire croire au pigeon qu’il est facile de gagner, de le pousser à augmenter ses mises et, quand il est à point (à perdu le sens des réalités, a sorti ses plus gros billets, etc…), à s’arranger pour le faire perdre.
Ensuite, il y a la version plus directement crapuleuse : ça commence de la même manière, mais lorsque ce même pigeon (ou un autre, on n’est pas regardant au bonneteau) a sorti tout son argent, le meneur et ses complices n’ont plus qu’à garder l’argent et convaincre le pigeon d’aller voir ailleurs ou se disperser eux-même avec l’argent… volé.
Car dans un cas comme dans l’autre, ce n’est que du vol pur et simple.

Personnellement, la vision à présent quotidienne de ces escrocs de rue m’insupporte de plus en plus.
J’ai contacté la police par mail, photos à l’appui, et n’ai eu aucune réponse.
J’en n'attendais de toutes façons pas grand-chose, car j’ai déjà eu des contacts avec eux sur un sujet similaire, les dealers qui arpentent les rues et les parcs et haranguent sans relâche les passants : « Tu cherches ? T’en veux ? ». Ils provoquent par leurs seules présences un sentiment très fort d’insécurité et de malaise, le sentiment que le crime est partout et qu’on n’est pas protégé.
Et, malheureusement, avec le bonneteau, c’est pareil, en plus grave dans l’échelle de la criminalité, car ses pratiquants ne cherchent même pas à procurer une marchandise illicite et nocive, mais bien à détrousser leurs victimes.
Et donc la police est impuissante à faire cesser leur activité, car… ils n’ont pas assez d’effectifs, les escrocs sont trop malins, il n’y a pas de volonté assez forte pour régler le problème, les coupables ne risquent pas grand-chose avec la législation actuelle, de toutes façons les prisons sont déjà trop pleines, on ne peut les renvoyer dans leur pays, etc… etc…

Dans ce cas, si on ne peut rien faire pour se débarrasser des dealers et des joueurs de bonneteau, il me parait évident que l’information va circuler, et bientôt on aura un autre type de criminels dans nos rues, puis un autre, et un autre.
Et on aura alors un sujet de préoccupation autrement plus important que de veiller à la sécurité… des pigeons.

Et de toutes façons, sur ce coup-là, nous sommes déjà tous des pigeons.


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Genève, le 5 Avril 2010. Quai du Mont-Blanc, vers 13h30.
Il n'y a pas un seul joueur sur cette image.

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