vendredi 16 avril 2010

Bonneteau, bonnes poires.... 2.

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Ces derniers jours, j’ai commencé à entrevoir comment le problème épineux des « joueurs de bonneteau » pouvait être réglé. Comme celui des dealers, d'ailleurs.
Il faut d’abord, comme je l’ai écrit auparavant, reconnaître clairement la nature de ce fléau, et mettre en place une législation adaptée et… l’appliquer.
Ensuite, il faut étudier les stratégies d’action et surtout de fuite de ces escrocs et les contrer.
Ça ne doit pas être bien compliqué : il suffit de les faire surveiller et suivre quelques jours par des équipes en civil et ensuite, sur la base des informations recueillies, établir une stratégie d’action.

On pourrait, sur la base de leur terrain d’action usuel, reproduire plusieurs situations possibles d’interpellation qui permettraient de les attraper tous en une fois. Et une fois attrapé, on les maintiendrait en prévention un certain temps, dans des conditions… pas forcément très sympathiques, avec la promesse faite que s’ils se font prendre une deuxième fois, ses conditions seraient encore moins sympathiques.
J’ai pensé par exemple à un système où l’incarcération préventive se ferait non seulement de manière dispersée (un prévenu dans chaque prison et dans des villes éloignées) mais dans des cellules où ils seraient en compagnies de codétenus ne parlant pas leur langue, quitte à les changer souvent de cellules.
Tout ceci dans le seul but de les dissuader de recommencer, car un argument que j’entends souvent, c’est : « Mais pour eux, la prison, c’est le Paradis. Ils sont nourris et logés ». Il doit y avoir des moyens assez simples pour rendre leur incarcération un peu moins attrayante, sans aller par exemple jusqu’à les forcer à écouter du Chantal Goya 24 heures sur 24.

Mais revenons-en à la problématique de la police qui « ne peut rien faire ».
Comme un de leur terrain de chasse privilégié est un endroit très précis des Rues Basses (l’artère la plus commerçante de Genève), je me suis demandé ce que pouvaient en penser ceux qui étaient directement concerné par ce trafic peu attrayant, les magasins même devant lesquels ils se postaient.

Je suis allé voir le gérant de l’un d’entre eux, une grande enseigne de sport.
Très vite, il m’a servi le discours défaitiste classique : « On ne peut rien faire, on ne peut pas les renvoyer chez eux, l’Espace Schengen,… » et tout ça.
Oui, parce que les joueurs de Bonneteau, c’est la faute à l’Europe, forcément.

« De toutes façons, ces gens-là, ils n’ont rien, alors ils n’ont rien à perdre. Et puis, fondamentalement, ils ne font de mal à personne. Tout le monde les connait. Il faut vraiment être très bête pour se faire avoir à ce jeu-là.

- Mais vous n’avez pas peur que ce voisinage porte préjudice à votre commerce ? Les clients voudront peut-être moins venir ?

- Mais les gens les aiment bien. Ca les amuse de les voir faire.

- Je peux vous assurer que moi, ils ne m’amusent pas du tout. L’autre jour, le meneur a carrément agrippé un passant pour le pousser à jouer !"

Là-dessus, l’autre a haussé les épaules :

" C’est plutôt bon enfant, ce ne sont pas des vrais criminels. Ce qu’il faut, c’est combattre les gros bonnets, la véritable criminalité, ceux-ci ne sont pas bien méchants."

Et puis, très philosophe, il a lâché :

"Tant qu’ils restent dehors, je ne m’en soucie pas trop. Et quand bien même : qu’ils viennent dépenser leur argent ici si ça leur chante."

Pendant que nous en parlions, nous nous sommes rapprochés de la vitrine, et nous assistions en première ligne à leur manège :

« Vous voyez la blonde, là, elle fait la joueuse », qu’il m’explique, « mais elle fait partie de l’équipe. Le vieux monsieur qui semble hésiter à se lancer, et l’autre là, qui guette depuis le trottoir d’en face… »

Soudain, le groupe s’est agité, et en un souffle, il s’est dispersé.

« Ah, vous voyez" reprend le gérant "ils ont dû repérer des flics. Les lascars vont s’éloigner, attendre que ça passe, et plus tard, ils reviendront. »

Seulement, cette fois-ci, trois des joueurs se sont ravisés, dont le meneur, un colosse à l’allure de boxeur. Ils se sont introduits dans le magasin de sport pour se mêler à la clientèle.

J’ai alors vu le gérant devenir blanc comme un linge et abandonner aussi sec notre petite causerie pour aller s’affairer au fonds.
Je ne suis moi-même pas resté plus longtemps.
Que voulez-vous : la peur est communicative.

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Genève, le 15 Avril 2010. Rues Basses, devant le magasin de sport, vers 15h10.
Le meneur s'apprête justement à agripper un passant. Sinon, il n'y a toujours pas de joueurs sur cette image.

2 commentaires:

  1. Ce brave commerçant a bien raison d'avoir peur... Ces "gens-là" n'ont en effet rien à perdre et n'ont peur de rien, non plus. Ils n'hésiteront pas à devenir violents et ils sont sûrement armés. Ils viennent de contrées qui n'ont pas du tout les mêmes codes sociaux que nous.

    Il ne faudrait surtout pas les laisser s'installer et s'incruster, car on ne s'en débarrassera plus jamais.

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  2. Oui, mais ce que je trouvais hallucinant, c'est que tant qu'ils étaient dehors, de l'autre côté de sa vitrine, il était complètement désinvolte. Ce n'est que lorsqu'ils sont rentré chez lui qu'il a pris peur. C'est COMPLÈTEMENT irresponsable!

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