mardi 1 mars 2011

Ma Vie d'Apocalypse Rêvée.

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Etant libraire de profession, j’ai été dans un premier temps un avide lecteur.
Lorsque j’étais adolescent, je dévorais au moins un livre par semaine, et pendant certaines périodes jusqu’à deux ou trois, et principalement des romans de science-fiction ou de fantastique.
A la fin de ma scolarité, mon rythme s’est sensiblement ralenti, jusqu’à stagner à 5 ou 6 romans par année pendant une décennie.

Puis, dans les années 90, je me suis rendu compte que 3 livres dans l’année, c’était devenu une moyenne honorable, et j’avais de plus en plus de mal à m’intéresser à la fiction dans son ensemble. J’ai essayé le polar, le roman réaliste, les grands classiques : rien ne retenait mon attention de lecteur. Rien, sauf les biographies en fait, sur des acteurs, des metteurs en scène, des compositeurs et des peintres parfois.

Au début 2010, alors que mon palmarès de lecture est tombé à un ou deux livres par an, parmi lesquels aucune œuvre de fiction depuis cinq ans, on m’a mis dans les mains un roman dont le titre et l’adaptation cinématographique, jamais vue jusque là, m’avaient fait fantasmer dans ma jeunesse : ON THE BEACH de Neville Shute.
Le récit raconte les derniers mois d’existence d’une communauté du sud de l’Australie, qui se prépare inexorablement à l’arrivée du nuage atomique provoqué par une guerre totale dans l’hémisphère nord.
La population vit d’abord dans l’insouciance du dénigrement puis, au fur et à mesure que les contacts se perdent avec les nations du Monde, la Réalité funeste s’installe : ils vont mourir, comme les autres.

Ce court roman m’a véritablement traumatisé, surtout par l’aspect défaitiste et passif des personnages: dans leur 5 à 6 mois de vie préservée, ils n'envisagent jamais d'aménager des abris, de faire des stocks de nourritures et de matériel pour survivre à l'"hiver nucléaire".
Une fois la lecture terminée,  j’ai continué à y penser tous les jours, à élaborer mon propre projet post-apocalyptique : un abri pourrait accueillir une population limitée; il faudrait prévoir une sélection très large d’animaux, du bétail et de la volaille, mais aussi tout un échantillonnage de vie sauvage. Il faudrait l’aménager avec une source d’eau sous-terraine autonome, prévoir des générateurs électriques, installer des capteurs solaires (inexistants à l'époque du roman, mais je n’hésitai pas à réactualiser le concept). Je songeais aussi à tous les produits de notre civilisation moderne qu’il faudrait stocker, comme le papier de toilette ! J’eus une vision de hangars remplis de rouleaux de papier hygiénique !

Deux mois après la fin de ma lecture, cette préoccupation d’Apocalypse, nourrie en plus par la vision de l’adaptation cinématographique visionnée dans cette période,  commença a être un peu lourde à porter. J’essayai de m’occuper l’esprit avec des lectures nouvelles, mais ne réussis pas à me fixer sur un titre précis.
Mon obsession se calma petit-à-petit jusqu’à ce que je découvre un récit de survivalisme d’un type différent : LIVING WITH THE ENEMY de Roy McLoughlin, ou la vie des habitants des Iles Anglo-Normandes sous l’occupation allemande en 39-45.
Plus tard, j’ai dévoré (et avec une rapidité inconnue pour moi depuis des décennies) FORTRESS MALTA : An Island Under Siege 1940-1943 de James Holland qui raconte l’épreuve de Malte pendant la 2ème Guerre Mondiale sur près de 500 pages, encore un sujet voisin.
Je mentionne en passant que cette lecture a provoqué un bref fantasme : je proposais mes services comme pilote de chasse novice mais…. incroyablement doué !

La découverte récente de THE WALKING DEAD une saga en BD qui compte aujourd’hui 13 volumes de 130 pages chacun, a ravivé le fantasme survivaliste de plus belle!
La Terre est envahie par les zombies et un groupe d’humains non infectés tentent de survivre tant bien que mal, et plutôt mal jusqu’ici. Je viens de terminer le 10ème volume.

Alors, bien sûr, je pourrais faire une pause et passer à autre chose, mais quoi ?
Plusieurs fois par semaine, je parcours les étals de bouquinistes sur le chemin de mon travail sans arriver à me laisser accrocher par un titre précis. Je me rends de temps à autres dans une librairie voisine de la mienne, mais n’y trouve jamais rien.
Il m’arrive de faire des recherches par thème ou par auteur sur Amazon, toujours sans résultat.

Il est pourtant urgent que je me débarrasse de mon fantasme nihiliste.
10 rouleaux de papier hygiénique par mois, 120 par années, sur 30 ans : 3600 rouleaux au moins !
Une trentaine de Jeans, une centaine de paires de chaussettes, autant de caleçons, une cinquantaine de tubes de dentifrice, des dizaines de savonnettes, des…


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3 commentaires:

  1. Il y a toute une culture, particulièrement américaine, du survivalisme. Pourquoi ne pas assumer ton obsession et la changer en quelque chose de positif. J'ai un ami qui est pas mal là-dedans et il a toujours des choses intéressantes à me raconter. Des choses qu'il a appris dans des bouquins de survie et tout, pour quand la société moderne s'écroulera. C'est plutôt intéressant comme domaine.

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  2. Je n'y ai jamais songé sérieusement, mais... pourquoi pas?

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  3. Avec la catastrophe nucléaire qui plane sur le Japon, On The Beach retrouve une certaine actualité... gasp...

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